Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/381

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arriva[1]. Ce ne fut d’abord qu’un redoublement de joie et de cordialité. L’apôtre des juifs et l’apôtre des gentils s’aimaient, comme s’aiment toujours les natures très-bonnes et les natures très-fortes, quand elles se trouvent en rapport les unes avec les autres. Pierre communia sans réserve avec les païens convertis : violant même ouvertement les prescriptions juives, il ne fit pas difficulté de manger avec eux ; mais bientôt cette bonne entente fut troublée. Jacques avait exécuté son fatal projet. Des frères munis de lettres de recommandation signées de lui[2], comme

  1. Gal., ii, 11 et suiv. Cf. Homélies pseudo-clém., xvii, 19, et la lettre prétendue de Pierre à Jacques, en tête de ces homélies, 2. Il est plus naturel de placer l’incident en question à la présente date qu’au passage précédent de Paul à Antioche. L’arrangement de Jérusalem était alors trop récent. En outre, ce qui est dit au verset 13 semble supposer que Barnabé n’était plus sous l’influence de Paul, quand l’incident arriva. Des trois partis que l’on peut prendre pour accorder ici les Actes et l’Épître aux Galates : 1o transporter l’incident Gal., ii, 11 et suiv., dans l’intervalle de la première à la deuxième mission ; 2o nier le voyage de Jérusalem après la deuxième mission, malgré Actes, xviii, 18, 21, 22 ; 3o insérer ce voyage après Gal., ii, 10, quoique Paul n’en parle pas, ce dernier parti est encore le moins embarrassant. Quant aux différents moyens que les Pères, depuis Clément d’Alexandrie, ont imaginés pour excuser ou atténuer l’épisode d’Antioche, ils sont tous absolument gratuits, ne se fondant ni sur les textes ni sur aucune tradition particulière.
  2. Gal., ii, 12 ; I Cor., ix, 2 ; II Cor., iii, 1 et suiv. ; v, 12 ; x,