Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/388

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sorte on ne réussit d’ordinaire qu’à indisposer tout le monde.

L’éloignement des envoyés de Jacques mit seul une fin au dissentiment. Après leur départ, le bon Pierre recommença sans doute à manger avec les gentils comme auparavant. Ces alternatives singulières de violence et de fraternité sont un des traits du caractère juif. Les critiques modernes qui concluent de certains passages de l’Épître aux Galates[1] que la rupture de Pierre et de Paul fut absolue se mettent en contradiction, non-seulement avec les Actes, mais avec d’autres passages de l’Épître aux Galates[2]. Les hommes ardents passent leur vie à se disputer entre eux sans jamais se brouiller. Il ne faut pas juger ces caractères d’après la manière dont les choses arrivent de notre temps entre gens bien élevés et susceptibles sur le point d’honneur. Ce dernier mot, en particulier, n’a jamais guère eu de sens pour les juifs.

Il semble bien toutefois que la rupture d’Antioche laissa des traces profondes. La grande Église des bords de l’Oronte se divisa, s’il est permis de s’exprimer ainsi, en deux paroisses, d’une part, celle des circoncis, de l’autre, celle des incirconcis. La sépa-

  1. Gal., ii, 11.
  2. Gal., i, 18 ; ii, 2. Cf. le Κήρυγμα Παύλου, l. c.