Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/389

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ration de ces deux moitiés de l’Église se continua longtemps. Antioche, comme l’on dit plus tard, eut deux évêques, l’un institué par Pierre, l’autre par Paul. Evhode et Ignace sont désignés comme ayant rempli, après les apôtres, cette dignité[1].

Quant à l’animosité des émissaires de Jacques, elle ne fit qu’augmenter. La scène d’Antioche leur laissa un ressentiment dont, un siècle après, on trouve encore dans les écrits du parti judéo-chrétien l’expression indignée[2]. Cet éloquent adversaire qui, à lui seul, avait arrêté l’Église d’Antioche près de leur donner raison, devint leur grand ennemi. Ils lui vouèrent une inimitié qui déjà de son vivant lui suscitera des traverses sans nombre, qui après sa mort lui vaudra de toute une moitié de l’Église des anathèmes sanglants et d’atroces calomnies[3]. La passion et

  1. Constit. apost., VII, 46.
  2. Homélies pseudo-clém., xvii, 19 ; Lettre de Pierre à Jacques, en tête de ces homélies, § 2.
  3. Homélies pseudo-clém., xvii, 13-19 (voir ci-dessous, p. 303-304, note 8) ; Irénée, Adv. hær., I, xxvi, 2 ; Clém. d’Alex., dans Eus., H. E., VI, 14 ; Eusèbe, Hist. eccl., III, 27 ; Épiphane, Adv. hær., xxx, 16, 25 ; saint Jérôme, De viris ill., 5 ; In Matth., xii, init. ; Primasius, dans la Max. Bibl. Patrum (Lugd.), X, p. 144. L’hostilité de Papias (Eus., H. E., III, 39) et d’Hégésippe contre saint Paul se laisse entrevoir. Cf. Photius, cod. ccxxxii, p. 288 (Bekker), où Hégésippe, comme l’auteur des Homélies, semble réfuter les prétentions de Paul à une révélation particulière. Notez