Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/391

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classique que celui de la plupart des écrits du Nouveau Testament, a beaucoup d’analogie avec le style de l’Épître de Jacques. Jacques et Jude ignoraient probablement le grec ; l’Église de Jérusalem avait peut-être pour ces sortes de communications des secrétaires hellènes.

« Très-chers, pendant que j’employais tous mes soins à vous écrire concernant notre salut commun[1], je me suis vu forcé de vous adresser ce mot pour vous supplier de défendre la foi qui a été une fois pour toutes livrée aux saints. Car il s’est faufilé parmi nous certains hommes (impies prédestinés depuis longtemps à ce crime) qui changent la grâce de Dieu en orgie, et qui nient Jésus-Christ, notre seul maître et seigneur. Je veux vous rappeler, à vous qui savez tout, que Dieu, ayant sauvé le peuple de la terre d’Égypte, punit la seconde fois ceux qui furent incrédules ; que ceux des anges qui ne surent pas conserver leur rang et qui désertèrent leur propre séjour[2], Dieu les a mis en réserve pour le jugement du grand jour en des chaînes éternelles ; que Sodome, Gomorrhe et les villes voisines, qui forniquèrent comme les gens dont je parle et coururent après l’autre chair, sont étendues en exemple, subissant la peine du feu éternel. Semblablement ceux dont je parle souillent la chair en rêve, méprisent l’autorité, injurient les gloires[3]. Or, même l’ar-

  1. Il s’agit ici d’une plus longue épître, que nous n’avons pas.
  2. Allusion au passage Gen., vi, 1 et suiv., développé dans le livre d’Hénoch, c. vi et suiv.
  3. C’est-à-dire les apôtres de Jérusalem. On admettra facilement