Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/427

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dénuées de sens[1]. Cette brillante patrie d’Héraclite, de Parrhasius, peut-être d’Apelle, n’était plus qu’une ville de portiques, de stades, de gymnases, de théâtres, une ville d’une somptuosité banale, malgré les chefs-d’œuvre de peinture et de sculpture qu’elle gardait encore.

Quoique le port eût été gâté par la maladresse des ingénieurs d’Attale Philadelphe, la ville s’agrandissait rapidement et devenait le principal emporium de la région en deçà du Taurus[2]. C’était le point de débarquement de ce qui arrivait d’Italie et de Grèce, une sorte d’hôtellerie ou d’entrepôt au seuil de l’Asie[3]. Des populations de toute provenance s’y entassaient, et en faisaient une ville commune, où les idées socialistes gagnaient le terrain qu’avaient perdu les idées de patrie. Le pays était d’une richesse extrême ; le commerce, immense ; mais nulle part l’esprit ne se montrait plus abaissé. Les inscriptions respirent la plus honteuse servilité[4],

  1. Strabon, XIV, i, 20-23 ; Tac., Ann., III, 61 ; Isidore de Péluse, Epist., II, 62 ; Plut., An seni sit ger. resp., 24 ; Corpus inscr. gr., nos 2954, 2955, 2963 c, 2983, 2990.
  2. Strabon, XII, viii, 15 ; XIV, i, 24 ; Plutarque, Vie de Lys., 3.
  3. Ὑποδοχεῖον κοινόν. Strabon, XII, viii, 15. Le port intérieur où abordèrent probablement Aquila et Priscille, Paul et Jean, est maintenant un étang couvert de roseaux.
  4. Corpus inscr. gr., nos 2957 et suiv.