Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/434

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rante du mystère nouveau, et qu’il s’agissait de gagner. Il avait devant lui une Église qui s’était formée de la façon la plus originale et la plus spontanée, avec l’aide de deux bons marchands juifs et d’un docteur étranger, lequel n’était encore qu’à demi chrétien. Le groupe d’Apollos était composé d’environ douze membres. Paul les questionna et s’aperçut qu’il manquait encore des parties à leur foi ; en particulier, ils n’avaient jamais entendu parler du Saint-Esprit. Paul compléta leur instruction, les rebaptisa au nom de Jésus, et leur imposa les mains. Aussitôt l’Esprit descendit sur eux ; ils se mirent à parler les langues et à prophétiser comme de parfaits chrétiens[1].

L’apôtre chercha bientôt à élargir ce petit cercle de croyants. Il n’avait pas à craindre de se trouver ici en présence de l’esprit philosophique et scientifique, qui l’avait arrêté tout court à Athènes. Éphèse n’était pas un grand centre intellectuel. La superstition y régnait sans contrôle ; tout le monde vivait dans de folles préoccupations de démonologie et de théurgie. Les formules magiques d’Éphèse (Ephesia grammata[2]) étaient célèbres ; les livres de sorcellerie

  1. Act., xix, 1-5.
  2. Hesychius, s. h. v. ; Suidas, s. h. v. ; Prov. græc. e Vatic. Bibl., append., cent. i, 95 (dans les Adagia de Schott, Anvers,