Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/437

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tour. On parla aussi beaucoup de certains miracles de Paul. Sa réputation de thaumaturge arriva à ce point qu’on recherchait avidement les mouchoirs et les chemises qui avaient touché sa peau, pour les appliquer sur les malades[1]. On croyait que la vertu médicale s’exhalait de sa personne et se transmettait de la sorte.

Le goût des Éphésiens pour la magie devait amener des épisodes encore plus choquants. Paul passa pour avoir un grand pouvoir sur les démons. Il paraît que des exorcistes juifs cherchèrent à usurper ses charmes et à exorciser « au nom du Jésus que prêche Paul[2] ». On raconta la mésaventure de quelques-uns de ces charlatans, qui se prétendaient fils ou disciples d’un certain grand prêtre Skévas[3]. Ayant voulu chasser un diable fort méchant au moyen de la susdite formule, ils s’entendirent adresser de grosses injures par le possédé, lequel, non content de cela, se jeta sur eux, mit leurs habits en pièces et les

  1. Act., xix, 12.
  2. Cf. Justin, Dial. cum Tryph., 85 ; Origène, Contre Celse, I, 25.
  3. Le nombre « sept » (Act., xix, 14) est sans doute amené par le nombre habituel dont se composait une légion démoniaque (Matth., xii, 45 ; Marc, xvi, 9 ; Luc, viii, 2 ; xi, 26). Sur le sens vague d’ἀρχιερεύς, cf. Schleusner, s. h. v. ; Corpus inscr. gr., no 6406 et peut-être 6363.