Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/438

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roua de coups[1]. L’abaissement des esprits était tel, que plusieurs juifs et plusieurs païens crurent en Jésus pour un aussi pauvre motif. Ces conversions se firent surtout parmi les gens qui s’occupaient de magie[2]. Frappés de la supériorité des formules de Paul, les amateurs de sciences occultes vinrent lui faire confidence de leurs pratiques[3]. Plusieurs même apportèrent leurs livres de magie et les brûlèrent[4] ; on évalua à 50,000 drachmes d’argent le prix des Ephesia grammata brûlés de la sorte[5].

Détournons les yeux de ces tristes ombres. Tout ce qui se fait par les masses populaires ignorantes est entaché de traits désagréables. L’illusion, la chimère sont les conditions des grandes choses créées par le

  1. Comparez Josèphe, Ant., VIII, ii, 5.
  2. Ces sortes d’épidémie de démonologie ne sont pas rares en Orient. Il y a quelques années, il y eut à la fois plus de trois cents personnes dans la petite ville de Saïda s’occupant de sciences occultes.
  3. Ceci m’est souvent arrivé en Syrie. Les chercheurs de trésors, me prenant pour un confrère, venaient, dès qu’une circonstance plus ou moins puérile les avait convaincus de ma supériorité, me communiquer leurs talismans et leurs procédés.
  4. Le sens de πράξεις (v. 18) est déterminé par πραξάντων (v. 19), et le sens de ce dernier mot par περίεργα. Sur le sens de περίεργα comme synonyme de γοητικά, voir Aristénète, l. II, ép. xviii ; Irénée, Adv. hær., I, xxiii, 4. Cf. Du Cange, au mot vanitas.
  5. Act., xix, 13-19.