Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/444

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jours entremêlés de beaux arbres. Les édifices publics, nécessaires dans un pays chaud à une vie de plaisir et de repos, présentaient une grandeur surprenante. Ce n’étaient pas ici, comme en Syrie, des constructions artificielles, très-peu faites pour les mœurs, des villes à colonnes imposées à des bédouins[1]. Nulle part l’ampleur d’une civilisation satisfaite et sûre d’elle-même ne s’étale en formes plus imposantes que dans les ruines de ces « magnifiques villes d’Asie[2] ». Toutes les fois que les belles contrées dont nous parlons ne seront pas écrasées par le fanatisme, la guerre ou la barbarie, elles deviendront maîtresses du monde par la richesse ; elles en tiennent presque toutes les sources, et forcent ainsi le numéraire des peuples plus nobles à s’entasser chez elles[3]. L’Ionie, au ier siècle, était très-peuplée, couverte de villes et de villages[4]. Les malheurs de l’époque des guerres civiles étaient oubliés. De puissantes associations d’ouvriers (ἐργασίαι,

  1. À Hiérapolis, par exemple, on sent une vraie élégance, une ville qui s’est bâtie spontanément et non officiellement ; rien de la banalité administrative trop fréquente dans les villes romaines.
  2. Ovide, Pont., II, x, 21. Se les représenter surtout par Aphrodisias et Hiérapolis, encore très-bien conservées, et par les ruines de Tralles, de Laodicée, etc. Cf. Strabon, XIV, i, 37.
  3. C’est ce que la crise du coton a montré, et ce qui sera surtout sensible dans cent ans.
  4. Jos., B. J., II, xvi, 4.