Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/464

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les partis, les divisions sont un besoin social. La vie sans cela paraît ennuyeuse. Pour se procurer la satisfaction de haïr et d’aimer, d’être excité, jaloux, triomphant à son heure, on se bute souvent sur les choses les plus puériles. L’objet de la division est insignifiant ; c’est la division qu’on veut et qu’on cherche pour elle-même. Les questions de personnes deviennent, dans ces sortes de sociétés, des questions capitales. Que deux prédicateurs ou deux médecins se rencontrent dans une petite ville du Midi, la ville se divise en deux partis sur les mérites de chacun d’eux. Les deux prédicateurs, les deux médecins, ont beau être amis ; ils n’empêcheront pas leurs noms de devenir le signal de luttes vives, la bannière de deux camps ennemis.

Il en fut ainsi à Corinthe[1]. Le talent d’Apollos tourna toutes les têtes. C’était une manière absolument différente de celle de Paul. Celui-ci enlevait par sa force, sa passion, l’impression vive de son âme ardente ; Apollos, par sa parole élégante, correcte, sûre d’elle-même. Quelques personnes peu affectionnées à Paul, et qui peut-être ne lui devaient

  1. I Cor., i, 10 et suiv. ; iii, 3 et suiv, ; II Cor., xii, 20. L’Église de Corinthe garda longtemps les mêmes défauts. Voir la première épître de Clément Romain aux Corinthiens, ch. 2, 3, 14, 46, 47, 54.