Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/478

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qu’aux parfaits. Cette sagesse n’est pas celle de ce monde, ni celle des princes de ce monde, dont le règne est fini… Nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’esprit qui vient de Dieu, et ce qu’il nous révèle, nous l’exprimons en mots dictés par l’Esprit, non par la sagesse humaine, attentifs que nous sommes à exposer les choses spirituelles en style spirituel. L’homme qui n’a que ses facultés naturelles ne comprend pas les choses de l’Esprit de Dieu ; ces choses sont pour lui une folie, il ne peut les connaître, car elles demandent à être jugées spirituellement. L’homme spirituel, au contraire, juge de tout, et n’est jugé par personne.

« Jusqu’ici, frères, j’ai pu vous parler non comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ. Je vous ai donné du lait, non de la nourriture : vous n’eussiez pas pu la porter. Vous ne le pourriez pas encore. Le seul fait qu’il y a de la jalousie et des querelles parmi vous n’est-il pas la preuve que vous êtes charnels et que les vues humaines sont la règle de votre conduite ? Quand vous dites, l’un : " Moi, je suis de Paul ", l’autre : " Moi, je suis d’Apollos ", ne montrez-vous pas bien que vous n’êtes que des hommes ? Qu’est-ce qu’Apollos ? Qu’est-ce que Paul ? Tous deux sont les ministres dont le Seigneur s’est servi pour vous faire croire, chacun selon la mesure qui lui a été donnée. Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui a donné la croissance. Celui qui plante et celui qui arrose ne sont rien ; Dieu, qui donne la croissance, est tout… Nous sommes les collaborateurs de Dieu ; vous êtes le champ que Dieu travaille, la maison qu’il édifie. Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, j’ai