Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/484

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« Est-il vrai qu’il y en a parmi vous qui, ayant, une affaire avec leur frère, s’adressent pour la faire juger aux iniques et non aux saints ? Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? Et, si le monde doit être jugé par vous, vous seriez incapables de rendre des jugements de petite importance ?… Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Des questions d’argent seraient-elles au-dessus de nous ? Si donc vous avez entre vous des affaires d’argent, cherchez dans l’Église ceux qui sont le moins considérés, et constituez-les juges. Je le dis pour vous faire honte. Ainsi, il n’y a pas parmi vous un seul sage qui soit capable d’être juge entre ses frères ? Mais partout les frères se jugent entre eux, même chez les infidèles. C’est déjà un grand dommage que vous ayez des procès entre vous. Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt l’injustice ? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller ? Mais c’est vous-mêmes qui êtes injustes, spoliateurs, et cela envers des frères ! »

La règle des rapports naturels de l’homme et de la femme entraînait les plus graves difficultés. C’était ici la constante préoccupation de l’apôtre, quand il écrivait aux Corinthiens. La froideur de Paul donne à sa morale quelque chose de sensé, mais de monastique et d’étroit. L’attrait sexuel est à ses yeux un mal, une honte. Puisqu’on ne peut le supprimer, il faut le régler. La nature pour saint Paul est mauvaise, et la grâce consiste à la contredire et à la maîtriser. Il a pourtant de belles expressions sur le