Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/498

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et la gloire de l’autre. À quoi bon, d’ailleurs, ces rivalités ? Il y a une voie ouverte à tous et qui est la meilleure, un don qui a sur les autres une immense supériorité.

Emporté par un souffle vraiment prophétique au delà des idées mêlées d’aberrations qu’il vient d’exposer, Paul écrit alors cette page admirable, la seule de toute la littérature chrétienne qui puisse être comparée aux discours de Jésus :

« Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis un airain sonnant, une cymbale retentissante. Quand j’aurais le don de prophétie, quand je connaîtrais tous les mystères, quand je posséderais toute science, quand j’aurais une foi suffisante pour transporter les montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Je transformerais tous mes biens en pain pour les pauvres, je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien. L’amour est patient ; il est bienveillant ; l’amour ne connaît ni la jalousie, ni la jactance, ni l’enflure ; il n’est pas inconvenant ; il n’est pas égoïste ; il ne s’emporte pas ; il ne pense pas à mal ; il ne sympathise pas avec l’injustice ; il sympathise au contraire avec la vérité. Il souffre tout ; il croit tout ; il espère tout ; il supporte tout. L’amour n’a pas de décadence, tandis que la prophétie pourra disparaître, le don des langues cesser, le don de science devenir sans objet. La science et la prophétie sont des dons partiels ; or, quand le parfait viendra, le partiel disparaîtra. Lorsque j’é-