Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/527

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tiens[1] est une tradition de l’élégance grecque. Les humbles ouvriers d’Éphèse que saint Paul salue avec tant de cordialité étaient sans doute des personnes douces, d’une probité touchante, relevée par d’excellentes manières et par le charme particulier qu’il y a dans la civilité des gens du peuple. Leur sérénité d’âme, leur contentement[2] étaient une prédication perpétuelle. « Voyez comme ils s’aiment[3] ! » était le mot des païens surpris de cet air innocent et tranquille, de cette profonde et attachante gaieté[4]. Après la prédication de Jésus, c’est là l’œuvre divine du christianisme ; c’est là son second miracle ; miracle tiré vraiment des forces vives de l’humanité et de ce qu’il y a en elle de meilleur et de plus saint.

  1. L’exquise politesse des lettres de Paul en est la preuve.
  2. La gaieté est un sentiment dominant chez les chrétiens de Paul. II Cor., vi, 10 ; xiii, 11 ; Rom., xii, 8, 12, 15 ; xiv, 17 ; Phil., ii, 17-18.
  3. Tertullien, Apol., 39.
  4. Remarquez les bonnes figures souriantes des catacombes, par exemple, le fossor Diogène (Boldetti, p. 60).