Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/554

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observée. La circoncision ne fait pas le vrai juif ; le païen qui observe bien la loi naturelle vaut mieux que le juif qui n’observe pas la loi de Dieu. Les juifs n’ont-ils donc pas quelque prérogative ? Sans doute, ils en ont une : c’est à eux que les promesses ont été faites ; l’incrédulité de plusieurs d’entre eux n’empêchera pas ces promesses de s’accomplir. Mais la Loi par elle-même n’a pu faire régner la justice ; elle n’a servi qu’à créer le délit et à le mettre en évidence. En d’autres termes, les juifs, comme les gentils, ont vécu sous l’empire du péché[1].

D’où vient donc la justification ? De la foi en Jésus[2], sans nulle distinction de race. Tous les hommes étaient pécheurs ; Jésus a été la victime propitiatoire ; sa mort a été la rédemption que Dieu a acceptée pour les péchés du monde, les œuvres de la Loi n’ayant pu justifier le monde. Dieu n’est pas seulement le Dieu des juifs ; il est aussi le Dieu des gentils. C’est par la foi qu’Abraham fut justifié, puisqu’il est écrit : « Il crut, et cela lui fut imputé à justice[3]. » La justification est gratuite ; on n’y a nul droit par ses mérites ; c’est une imputation qui se fait par

  1. Rom., i, 18-iii, 20.
  2. Comp. Act., xxvi, 18.
  3. Gen., xv, 6. Le passage hébreu est légèrement détourné de son sens.