Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/559

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qu’on voit. Persévérons patiemment dans cette attente de l’invisible, avec l’aide de l’Esprit. Nous ne savons pas prier ; mais l’Esprit supplée à notre faiblesse, et intervient pour nous auprès de Dieu par des gémissements ineffables[1]. Dieu qui scrute les cœurs sait deviner les désirs de l’Esprit et démêler ces gémissements indistincts et inarticulés[2].

Quel motif d’assurance, d’ailleurs ! C’est par un acte direct de Dieu que nous sommes désignés pour la métamorphose qui nous rendra semblables à son fils, et qui fera de tous les vivants une troupe de frères dont Jésus sera l’aîné. Par sa prescience, Dieu connaît d’avance les élus ; ceux qu’il connaît, il les prédestine ; ceux qu’il prédestine, il les appelle ; ceux qu’il appelle, il les justifie ; ceux qu’il a justifiés, il les glorifie. Soyons tranquilles : si pour nous Dieu n’a pas épargné son propre fils, et l’a livré à la mort, que peut-il nous refuser ? Qui serait, au jour du jugement, l’accusateur des élus ? Dieu, qui les a justifiés ? — Qui les condamnerait ? Christ, qui est mort et ressuscité, qui est assis à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ? Impossible. « Que peuvent donc contre nous les tribulations, les angoisses, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? Pour

  1. Allusion aux soupirs des glossolales
  2. Rom., viii, 1-27.