Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/56

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accomplir la prédication évangélique, prêcher le Christ à toutes les nations et en particulier aux peuples de l’extrême Occident[1]. Si les trois épîtres en question étaient d’une date si avancée, on ne concevrait pas comment Timothée y serait toujours traité en jeune homme. Nous pouvons, d’ailleurs, prouver directement que ce voyage de l’Archipel, postérieur au séjour de Paul à Rome, n’a pas eu lieu. Dans un tel voyage, en effet, saint Paul aurait touché à Milet (II Tim., iv, 20). Or, dans le beau discours que l’auteur des Actes prête à saint Paul passant par Milet à la fin de sa troisième mission, cet auteur fait dire à Paul : « Je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous parmi lesquels j’ai passé, annonçant le royaume[2] ». Et qu’on ne dise pas que saint Paul a pu se tromper dans ses prévisions, changer d’avis[3], et revoir une Église à laquelle il croyait avoir dit adieu pour toujours. Là n’est pas la question. Peu nous importe que Paul ait prononcé ou non

  1. Comp. Col., i, 25 ; II Cor., x, 16 ; Rom., xvi, 26. Ce n’est pas à nous de lever la contradiction qu’il y a entre II Tim., iv, 17-18, et II Tim., iv, 6-8. Rapporter II Tim., iv, 16-17, à la première captivité comme un renseignement historique rétrospectif est de la dernière froideur, vu surtout la connexité de ces deux versets avec le verset 18.
  2. Act., xx, 25.
  3. Phil., ii, 24 ; Philem., 22.