Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/564

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puis ceux qu’il a rendus incrédules, il les sauve à leur tour ; tout cela pour bien établir que le salut est de sa part un pur acte de miséricorde et non un résultat auquel on arrive par droit de naissance, ou par les œuvres, ou par le libre choix de sa raison. Dieu ne prend conseil de personne ; il n’est l’obligé de personne ; il n’a de retour à rendre à personne. « O profondeur des desseins de Dieu ! Que ses jugements sont insondables ! Que ses voies sont impénétrables ! Tout vient de lui, tout est par lui, tout est pour lui. Gloire à lui dans l’éternité ! Amen[1]. »

L’apôtre, selon son usage, termine par des applications morales. Le culte du chrétien est un culte de raison[2], sans autre sacrifice que celui de soi-même. Chacun doit présenter à Dieu une victime pure et digne d’être favorablement acceptée[3]. L’esprit de l’Église doit être la modestie, la concorde, la mutuelle solidarité ; tous les dons, tous les rôles y sont intimement associés. Un même corps a plusieurs membres ; tous les membres n’ont pas la

  1. Rom., xi.
  2. Λογικὴ λατρεία. Comp. I Petri, ii, 2, 5 ; Testam. des douze patr., Lévi, 3.
  3. Idées analogues chez Philon (De plantat. Noe, § 25, 28-31 ; De vict. offer., § 1-10), et chez les esséniens (Jos., Ant., XVIII, i, 5 ; Philon, Quod omnis probus liber, § 12). Comp. Théophraste, Περὶ εὐσεϐείας (Bernays, Berlin, 1866).