Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/567

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Ceci fut écrit en la quatrième année de Néron. Ce prince n’avait encore donné aucun sujet de le maudire. Son gouvernement avait été jusque-là le meilleur qu’on eût eu depuis la mort d’Auguste. Au moment où Paul, avec beaucoup de bon sens, prenait contre la théocratie juive la défense de l’impôt, Néron en adoucissait les rigueurs et cherchait même à y appliquer les réformes les plus radicales[1]. Les chrétiens à cette date n’avaient pas eu à se plaindre de lui, et on conçoit qu’en un temps où l’autorité romaine servait son œuvre plutôt qu’elle n’y faisait obstacle, Paul ait cherché à prévenir des mouvements tumultueux qui pouvaient tout perdre, et auxquels les juifs de Rome étaient très-portés[2]. Ces séditions, les arrestations et les supplices qui en étaient la suite jetaient la plus grande défaveur sur la secte nouvelle, et en faisaient confondre les adeptes avec les voleurs et les perturbateurs de l’ordre public[3]. Paul avait trop de tact pour être émeutier ; il voulait que le nom de chrétien fût bien porté, qu’un chrétien fût un homme d’ordre, en règle avec la police, de bonne réputation aux yeux des païens[4]. Voilà

  1. Tacite, Ann., XIII, 50, 51 ; Suétone, Néron, 10.
  2. Suétone, Claude, 25.
  3. I Petri, iv, 14-16.
  4. Rom., xii, 17. Cf. I Thess., iv, 11.