Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/57

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ces paroles. L’auteur des Actes savait bien la suite de la vie de Paul, quoique malheureusement il n’ait pas jugé à propos de nous l’apprendre. Il est impossible qu’il ait mis dans la bouche de son maître une prédiction qu’il savait bien ne pas s’être vérifiée.

Les lettres à Timothée et à Tite sont donc repoussées par toute la contexture de la biographie de Paul. Quand on les y fait rentrer par quelqu’une de leurs parties, elles en sortent par une autre partie. Même en créant exprès pour elles un période dans la vie de l’apôtre, on n’obtient rien de satisfaisant. Ces épîtres se repoussent elles-mêmes ; elles sont pleines de contradictions[1] ; les Actes et les épîtres certaines seraient perdus, qu’on ne réussirait pas encore à créer une hypothèse pour faire tenir debout les trois écrits dont nous parlons. Et qu’on ne dise pas qu’un faussaire ne se fut pas jeté de gaieté de cœur dans ces contradictions. Denys de Corinthe, au iie siècle, n’a pas une théorie moins bizarre des voyages de saint Paul, puisqu’il le fait venir à Corinthe et partir de Corinthe pour Rome en compagnie de saint Pierre[2], chose tout à fait impossible. Sans doute, les trois épîtres en

  1. Ainsi Onésiphore et Alexandre le chaudronnier sont partagés entre Rome et Éphèse d’une façon qui ne s’explique pas. II Tim., i, 16-18 ; iv, 14-15.
  2. Dans Eusèbe, H. E., II, 25.