Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/576

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Loi il forçait Dieu de le sauver. Le catholique du temps de Louis XI se figurait qu’avec des messes on procédait envers Dieu comme par sommation d’huissier, si bien que tel vilain homme que Dieu n’aimait pas arrivait, pour peu qu’il fût avisé, à gagner le ciel cartes sur table, et que Dieu était obligé de l’admettre en sa compagnie. Cette impiété, où le judaïsme a versé par le talmudisme, où le christianisme a versé par le catholicisme du moyen âge, saint Paul y a porté le plus énergique remède. Selon lui, on est justifié, non par les œuvres, mais par la foi ; c’est la foi en Jésus qui sauve[1]. Voilà pourquoi cette doctrine, en apparence si peu libérale, a été celle de tous les réformateurs, le levier au moyen duquel Wiclef, Jean Huss, Luther, Calvin, Saint-Cyran ont soulevé une tradition séculaire de routine, de fade confiance dans le prêtre et dans une sorte de justice extérieure, n’entraînant pas le changement du cœur.

L’autre inconvénient des pratiques est de porter au scrupule. Les pratiques, étant supposées avoir une valeur par elles-mêmes, ex opere operato, indépendamment de l’état de l’âme, ouvrent la porte à toutes les subtilités d’une casuistique méticuleuse.

  1. Act., xvi, 31.