Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/585

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jusqu’aux confins de la terre et que la prédication de l’Évangile est pleinement accomplie[1].

Nous verrons que des circonstances indépendantes de sa volonté empêchèrent Paul de réaliser la seconde partie du plan grandiose qu’il s’était proposé. Il avait de quarante-cinq à quarante-huit ans ; il eût certes trouvé encore le temps et la force de faire dans le monde latin une ou deux de ces missions qu’il avait conduites dans le monde grec avec tant de bonheur ; mais le fatal voyage de Jérusalem renversa tous ses desseins. Paul sentait les périls de ce voyage ; tout le monde les sentait autour de lui. Il ne pouvait, néanmoins, renoncer à un projet auquel il attachait beaucoup d’importance. Jérusalem devait perdre Paul. C’était pour le christianisme naissant une condition des plus défavorables d’avoir sa capitale dans un foyer de fanatisme aussi exalté. L’événement qui, dans dix ans, détruira de fond en comble l’Église de Jérusalem rendra au christianisme le plus grand service qu’il ait jamais reçu dans le cours de sa longue histoire. La question de vie ou de mort était de savoir si la secte naissante se dégagerait ou non du judaïsme. Or, si les saints de Jérusalem, groupés

  1. Clem. Rom., Epist. ad Cor. I, 5 ; II Cor., x, 13-16 ; Rom. xv, 19, 23-24 ; xvi, 26 ; II Tim., iv, 17. Cf. Epist. Clem. ad Jac. (en tête des Homélies), § 1.