Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/594

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Tous alors s’agenouillèrent et prièrent. On n’entendait qu’un sanglot étouffé. La parole de Paul : « Vous ne verrez plus mon visage, » leur avait percé le cœur. Chacun à leur tour, les anciens d’Éphèse s’approchèrent de l’apôtre, appuyèrent leur tête sur son cou et l’embrassèrent. Ils le conduisirent ensuite au port et ne quittèrent le rivage que quand le navire appareilla, entraînant l’apôtre loin de cette mer Égée qui avait été comme le champ clos de ses luttes et le théâtre de sa prodigieuse activité.

Un bon vent arrière porta la troupe apostolique du port de Milet à Cos. Le lendemain, elle atteignit Rhodes[1], et, le troisième jour, Patare[2], sur la côte de Lycie. Là, ils trouvèrent un navire qui chargeait pour Tyr. Le petit cabotage qu’ils avaient fait jusque-là au long des côtes d’Asie les eût fort attardés, s’il eût dû se continuer au long des côtes de Pamphylie, de Cilicie, de Syrie et de Phénicie. Ils préférèrent couper court, et, laissant là leur premier navire, ils montèrent sur celui qui faisait voile pour la Phénicie. La côte occidentale de Chypre était juste sur leur chemin. Paul put voir de loin cette Néa-Paphos, qu’il avait visitée treize ans auparavant, au

  1. Les chefs-lieux des îles de Cos et de Rhodes sont restés au même point que dans l’antiquité.
  2. Aujourd’hui ruinée.