Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/596

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meura un jour avec eux. Puis l’apôtre abandonna la voie de mer. Contournant le Carmel, il gagna en un jour Césarée de Palestine. On descendit chez Philippe, l’un des sept diacres primitifs, qui depuis de longues années s’était fixé à Césarée[1]. Philippe n’avait pas pris, comme Paul, le titre d’apôtre, quoiqu’il en eût en réalité exercé les fonctions. Il se contentait du nom d’« évangéliste », qui désignait des apôtres de second rang[2], et du titre encore plus prisé de « l’un des sept ».

Paul trouva ici encore beaucoup de sympathie ; il resta quelques jours chez Philippe. Pendant qu’il y était, arriva justement de Judée le prophète Agab. Paul et lui s’étaient connus à Antioche, quatorze ans auparavant. Agab imitait les manières des anciens prophètes[3], et affectait d’agir d’une façon symbolique. Il entre d’un air mystérieux, s’approche de Paul, lui prend sa ceinture. On suivait ses mouvements avec curiosité et terreur. Avec la ceinture de l’apôtre qu’il a prise, Agab s’attache les jambes et les mains. Puis, rompant tout à coup le silence, et d’un ton inspiré : « L’Esprit-Saint dit ceci : L’homme à qui appartient cette ceinture sera ainsi lié à Jéru-

  1. Voir les Apôtres, p. 150 et suiv.
  2. Ephes., iv, 11 ; Eusèbe, Hist. eccl., III, 37.
  3. Comp. Act., xxi, 11 à II Rois, xxii, 11.