Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/603

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par la comparaison de l’Épître aux Galates. Dans le second, des raisons graves nous amènent à supposer qu’il a également sacrifié la vérité aux besoins de la politique. D’abord, les appréhensions que Paul témoignait d’avance sur les dispositions avec lesquelles les saints de Jérusalem agréeraient son offrande[1] ne peuvent avoir été sans quelque fondement. En second lieu, le récit de l’auteur des Actes renferme plus d’un trait louche. Les judéo-chrétiens y sont présentés comme des ennemis de Paul, presque à l’égal des juifs purs. Ces judéo-chrétiens ont de lui la plus mauvaise opinion ; les anciens ne dissimulent pas à Paul que le bruit de son arrivée les mécontentera et pourra provoquer une manifestation de leur part. Les anciens ne se donnent pas comme partageant ces préventions ; mais ils les excusent, et, en tout cas, on voit clairement, d’après leurs paroles, qu’une grande partie des chrétiens de Jérusalem, loin d’être prête à bien recevoir l’apôtre, avait besoin d’être calmée et réconciliée avec lui[2]. Il est remarquable aussi que l’auteur des Actes ne parle de la collecte qu’après coup et de la façon la plus indirecte[3]. Si l’offrande eût été accueillie ainsi qu’elle au-

  1. Rom., xv, 31.
  2. Act., xxi, 20 et suiv.
  3. Act., xxiv, 17.