Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/605

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tout leur embarras ? L’action de grâces, en effet, était à peine finie, qu’on dit à Paul[1] : « Tu vois, frère, combien est grand le nombre des croyants parmi les Juifs ; et tous sont d’ardents zélateurs de la Loi. Or, ils ont entendu dire que tu enseignes aux Juifs dispersés parmi les nations l’apostasie de la loi de Moïse, les détournant de circoncire leurs enfants et de marcher selon les coutumes juives. Que faire donc ? De tous côtés, ils vont apprendre ton arrivée[2]. Fais ce que nous allons te dire. Nous avons ici quatre hommes ayant contracté un vœu. Prends-les, purifie-toi avec eux, supporte les frais qu’entraîne la cérémonie de consécration des nazirs, et tous sauront alors que ce qu’ils ont entendu dire de toi n’est rien et que, toi aussi, tu observes la Loi. »

Ainsi, à celui qui leur apportait l’hommage d’un monde, ces esprits bornés ne savent répondre que par une marque de défiance. Paul devra expier par une momerie ses prodigieuses conquêtes. Il faut qu’il donne des gages à la petitesse d’esprit. C’est quand on l’aura vu accomplir avec quatre mendiants, trop pauvres pour se faire raser la tête à leurs frais, une superstition populaire qu’on le reconnaîtra pour con-

  1. Act., xxi, 20 et suiv.
  2. Nous suivons le Vaticanus. Ce verset paraît avoir été retouché.