Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/606

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frère. Telle est l’étrange condition de l’humanité, qu’il ne faut pas s’étonner d’un tel spectacle. Les hommes sont trop nombreux pour qu’il soit possible de fonder quelque chose ici-bas sans faire des concessions à la médiocrité. Pour heurter les scrupules des faibles, il faut être ou complètement désintéressé de l’action, ou très-puissant. Ceux que leur position oblige à compter avec la foule sont amenés à demander aux grands hommes indépendants de singulières inconséquences. Toute pensée vigoureusement avouée est dans le gouvernement du monde un embarras. L’apologie, le prosélytisme, eux-mêmes, quand ils impliquent un peu de génie, sont pour les partis conservateurs des choses suspectes. Voyez ces éloquents laïques qui de nos jours ont tenté d’élargir le catholicisme et de lui concilier les sympathies d’une partie de la société qui était fermée jusque-là au sentiment chrétien ; qu’ont-ils obtenu de l’Église à laquelle ils amenaient des foules d’adhérents nouveaux ? Un désaveu. Les successeurs de Jacques Obliam ont trouvé prudent de les condamner, tout en profitant de leurs succès. On a accepté leur offrande sans un remercîment ; on leur a dit comme à Paul : « Frères, vous voyez ces milliers de vieux croyants qui tiennent à des choses que vous passez sous silence quand vous parlez aux gens du monde ; prenez garde, laissez