Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/627

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de l’hérésie des nazaréens, de brouillon uniquement occupé à exciter des séditions parmi ses coreligionnaires dans le monde entier. Il insista sur la violation prétendue du temple, laquelle constituait un crime capital, et soutint qu’en cherchant à s’emparer de Paul, on avait seulement voulu le juger conformément à la Loi.

Sur un signe de Félix, Paul prit ensuite la parole. Il soutint que sa conduite dans le temple avait été celle du juif le plus paisible, qu’il n’y avait pas disputé ni fait d’attroupement, qu’il n’avait pas prêché une seule fois à Jérusalem, qu’il était en effet hérétique, si c’est être hérétique que de croire à tout ce qui est écrit dans la Loi et les Prophètes, et d’espérer la résurrection des morts ; qu’au fond, le seul crime dont on l’accusât était de croire à la résurrection ; « mais, ajoutait-il, les juifs eux-mêmes y croient… » À l’égard des juifs, c’était là une apologie habile, plus habile même que sincère, puisque, dissimulant la vraie difficulté, elle cherchait à faire croire qu’on pouvait s’entendre quand on ne s’entendait pas, et déplaçait la question d’une façon souvent imitée depuis par les apologistes chrétiens. En tout cas, Félix, qui s’intéressait peu au dogme de la résurrection, dut rester indifférent. Il leva brusquement la séance, déclara qu’il ne se prononcerait qu’après un plus