Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/633

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

main, protesta que personne n’avait le droit de le livrer aux Juifs, et prononça le mot solennel : « J’en appelle à l’empereur. » Ce mot, prononcé par un citoyen romain, avait la force de rompre toutes les juridictions provinciales. Le citoyen, en quelque partie du monde qu’il fût, avait le droit de se faire reconduire à Rome pour être jugé. Les gouverneurs de provinces, d’ailleurs, renvoyaient souvent à l’empereur et à son conseil les causes de droit religieux[1]. Festus, surpris d’abord de cet appel, s’entretint un moment avec ses assesseurs, puis répondit par la formule : « Tu en as appelé à l’empereur ; tu iras à l’empereur. »

Le renvoi de Paul à Rome fut dès lors décidé, et l’on n’attendit plus qu’une occasion pour le faire partir. Un incident singulier se passa dans l’intervalle. Quelques jours après le retour de Festus à Césarée, Hérode Agrippa II et sa sœur Bérénice, qui vivait avec lui, non sans soupçon d’infamie[2], vinrent saluer le nouveau procurateur. Ils restèrent plusieurs jours à Césarée. Dans le cours des conversations qu’ils eurent avec le fonctionnaire romain, celui-ci leur parla du prisonnier que Félix lui avait laissé. « Ses accusateurs, dit-il, n’ont relevé contre lui au-

  1. Pline, Epist., X, 97 ; Jos., Vita, 3 ; Dion Cassius, LX, 17.
  2. Jos., Ant., XX, vii, 3 ; Juvénal, vi, 156 et suiv.