Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/638

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

été de prendre le large et de gagner la pointe sud-ouest de l’Asie Mineure ; mais les vents étaient contraires ; il fallut courir au nord, en rangeant la Phénicie, puis serrer les côtes de l’île de Chypre, en la laissant à bâbord. On suivit le canal entre Chypre et la Cilicie, on traversa le golfe de Pamphylie, et l’on arriva au port de Myre[1] en Lycie. Là, on quitta le navire adramyttien. Julius, ayant trouvé un navire alexandrin qui faisait voile pour l’Italie, passa un marché avec le capitaine, et y transborda ses prisonniers. Le navire était fort chargé ; on était à bord deux cent soixante-seize personnes[2].

La navigation, à partir de ce moment, fut des plus difficiles. Après plusieurs jours, on n’était encore qu’à la hauteur de Cnide. Le capitaine voulait entrer dans le port, mais le vent venant du nord-est ne le permit pas, et il fallut se laisser emporter sur l’île de Crète. On reconnut bientôt le cap Salmoné[3], qui est la pointe orientale de l’île. L’île de Crète forme comme une immense barrière qui fait de la région de la Méditerranée qu’elle couvre au sud une sorte de grand port à l’abri des tempêtes venant de l’Ar-

  1. Aujourd’hui en ruine.
  2. Le manuscrit B seul porte (Act., xxvii, 37) « soixante-seize ». Cf. Josèphe, Vita, 3.
  3. Nommé aussi Salnonium ou Samonium.