Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/645

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

encore le navire, en jetant à la mer tout le blé qui restait.

Le jour parut enfin, et on vit la terre ; elle était déserte ; personne ne reconnut le pays où l’on était. On avait devant soi une baie, ayant pour fond une plage de sable. On résolut d’échouer sur le sable. Le vent portait de ce côté. On coupa donc les câbles des ancres, qu’on laissa perdre dans la mer ; on lâcha les amarres des gouvernails ; on hissa la voile de misaine[1] qu’on offrit au vent, et on gouverna vers la plage. Le navire tomba sur une langue de terre battue des deux côtés par la mer, et s’y échoua. La proue s’enfonça dans le sable et resta immobile ; la poupe, au contraire, battue par la lame, talonnait et se disloquait à chaque coup de mer. Les sauvetages dans ces conditions sont assez faciles sur les côtes de la Méditerranée, parce que la marée y est peu considérable. Le navire échoué crée un abri, et il est aisé d’établir un va-et-vient. Mais l’état de

  1. Sur le vrai sens d’ἀρτέμων, voir Henri Étienne, Freund, Jal, aux mots ἀρτέμων, artemon, artimon, etc. Voir aussi les monnaies de Commode, du type no 715 de Cohen, Méd. imp., III, pl. ii ; Jal, Gloss. naut., I, p. 256 ; Conybeare et Howson, I, p. 56 ; II, p. 317 ; Graser, Gemmen, p. 9, 11, 19, 21, pl. i et ii. Le petit mât penché des navires qu’on voit sur de nombreuses monnaies d’Adrien, de Lucius Vérus, de Commode, de la ville de Gadare, paraît un beaupré ou une hampe de drapeau. Comp. Graser, l. c. ; W. Smith, l. c.