Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/651

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Grèce entamée sur ses bords. Si l’on ajoute à cela l’Italie, de Pouzzoles à Rome, déjà sillonnée par des chrétiens, on aura le tableau des conquêtes effectuées par le christianisme dans les seize années que ce livre embrasse. La Syrie, nous l’avons vu, avait antérieurement reçu la parole de Jésus et possédait des Églises organisées. Les progrès de la foi nouvelle avaient été vraiment merveilleux, et, quoique le public s’en occupât bien peu encore, les sectateurs de Jésus avaient déjà de l’importance pour les gens du dehors. Nous les verrons, vers le milieu de l’an 64, occuper l’attention du monde et jouer un rôle historique très-important.

En toute cette histoire, du reste, il importe de se défendre d’une illusion que la lecture des Épîtres de Paul et des Actes des Apôtres produit presque forcément. On serait tenté, d’après une telle lecture, de se figurer des conversions en masse, des Églises nombreuses, des pays entiers volant au culte nouveau. Paul, qui nous parle souvent des juifs rebelles, ne parle jamais de l’immense majorité des païens, qui n’avait aucune connaissance de la foi. En lisant les voyages de Benjamin de Tudèle, on croirait aussi que le monde de son temps n’était peuplé que de juifs. Les sectes sont sujettes à ces illusions d’optique ; pour elles, rien n’existe hors d’elles : les