Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/70

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croit relever le Christ en le comparant au grand prêtre hébreu ; le christianisme n’est pour lui qu’un judaïsme accompli ; il est loin de regarder la Loi comme abolie. Le passage ii, 3, où l’auteur se place parmi ceux qui n’ont connu les mystères de la vie du Christ qu’indirectement de la bouche des disciples de Jésus, ne répond nullement à l’une des prétentions les plus arrêtées de Paul. Remarquons enfin qu’en écrivant aux chrétiens hébreux, Paul aurait manqué à sa règle la plus fixe, qui est de ne jamais faire d’acte pastoral sur le terrain des Églises judéo-chrétiennes, afin que les apôtres de la circoncision n’empiètent pas de leur côté sur les Églises d’incirconcis[1].

L’épître aux Hébreux n’est donc pas de saint Paul. De qui est-elle ? où a-t-elle été écrite ? à qui a-t-elle été adressée ? Nous examinerons tous ces points dans notre quatrième volume. Pour le moment, la date seule d’un si important écrit nous intéresse. Or cette date se laisse déterminer avec assez de précision. L’épître aux Hébreux est, selon toutes les vraisemblances, antérieure à l’an 70, puisque le service lévitique du temple y est présenté comme se

  1. Gal., ii, 7-8 ; II Cor., x, 13 et suiv. ; Rom., xv, 20 et suiv.