Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/101

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sorte d’opposition, le chef des apôtres[1]. Le rapprochement se fit bien vite chez des esprits faciles à frapper. Le chef des apôtres dans la capitale du monde ! quoi de plus parlant ? La grande association d’idées qui devait dominer les destinées de l’humanité pendant des milliers d’années venait de se constituer. Pierre et Rome deviennent inséparables ; Rome est prédestinée à être la capitale du christianisme latin ; la légende de Pierre, premier pape, est écrite d’avance ; mais il faudra quatre ou cinq siècles pour que cela se débrouille. Rome, en tout cas, ne se douta guère, le jour où Pierre y mit le pied, que ce jour réglait son avenir, et que le pauvre Syrien qui venait d’entrer dans ses murs prenait possession d’elle pour des siècles.

La situation morale, sociale, politique, s’aggravait de jour en jour. On ne parlait que de prodiges et de malheurs[2] ; les chrétiens en étaient plus affectés que personne[3] ; l’idée que Satan est le dieu de ce

  1. Lettre de Clément à Jacques, en tête des Homélies pseudo-clémentines, 1.
  2. Tacite, Ann., XIV, 12, 22 ; XV, 22 ; Suétone, Néron, 36, 30 ; Dion Cassius, lxi, 16, 18 ; Philostrate, Apoll., IV, 43 ; Sénèque, Quæst. nat., VI, 1, p. 454 ; Eusèbe, Chron., aux années 7, 9, 10 de Néron.
  3. Voir l’Apocalypse.