que Jésus fût, dans toute la force du terme, l’universel sauveur ; aussi saint Paul s’y prêtait-il en ses derniers écrits[1]. Pourtant les fictions dont il s’agit ne prirent point leur place dans le cadre des Évangiles synoptiques, sans doute parce que ce cadre était déjà fixé quand elles naquirent. Elles restèrent flottantes hors des textes évangéliques, et ne trouvèrent leur forme que bien plus tard dans l’écrit apocryphe dit « Évangile de Nicodème[2] ».
Le travail par excellence de la conscience chrétienne s’accomplissait cependant dans le silence en Judée ou dans les pays voisins. Les Évangiles synoptiques se créaient membre par membre, comme un organisme vivant se complète peu à peu et atteint, sous l’action d’une mystérieuse raison intime, la parfaite unité. À la date où nous sommes, y avait-il déjà quelque texte écrit sur les actes et les paroles de Jésus ? L’apôtre Matthieu, si c’est de lui qu’il s’agit, avait-il rédigé en hébreu les discours du Seigneur ?
- ↑ Phil., ii, 10 ; Col., i, 20 ; Ephes., i, 10 ; iv, 9. Voir déjà Rom., xiv, 9. Cf. Hermas, Past., Sim., ix, 16 ; Clém. d’Alex., Strom., II, 9 ; VI, 6.
- ↑ Deuxième partie de cet écrit. Cette partie peut n’être que du IVe siècle. Comp. symbole de Sirmium, dans Socrate, Hist. eccl., II, 37.
testants pour atténuer ce vieux mythe chrétien pèchent contre toute critique.