Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/129

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De telles entraves étaient un obstacle absolu à un apostolat fécond ; dans de pareilles conditions, le christianisme n’eût jamais été prêché. Aussi les envoyés de Jacques nous paraissent-ils bien plus occupés de renverser les fondations de Paul que de fonder pour leur compte. Les Églises de Bithynie, de Pont, de Cappadoce, qui apparaissent vers ce temps à côté des Églises d’Asie et de Galatie[1], ne provenaient pas, il est vrai, de Paul ; mais il n’est pas probable qu’elles fussent davantage l’œuvre de Jacques ou de Pierre ; elles durent sans doute leur fondation à cette prédication anonyme des fidèles qui fut la plus efficace de toutes. Nous supposons, au contraire, que la Batanée, le Hauran, la Décapole et en général toute la région à l’est du Jourdain, qui sera bientôt le centre et la forteresse du judéo-christianisme, furent évangélisés par des adeptes de l’Église de Jérusalem. On trouvait bien vite de ce côté la limite de la puissance romaine. Or les pays arabes ne se prêtaient nullement à la prédication nouvelle, et les terres soumises aux Arsacides étaient peu ouvertes aux efforts venant des pays romains. Dans la géographie des apôtres, la terre est fort petite. Les premiers chrétiens ne songent jamais au

  1. I Petri, i, 1.