Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/136

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battaient, ni remercier ceux qui lui donnaient l’aumône. Il continua ainsi jusqu’au siège, sans que sa voix parût jamais affaiblie[1].

Si ce Jésus, fils de Hanan, ne fut pas disciple de Jésus, son cri fatidique fut au moins l’expression vraie de ce qu’il y avait au fond de la conscience chrétienne. Jérusalem avait comblé la mesure. Cette ville qui tue les prophètes, lapide ceux qu’on lui envoie, flagelle les uns, crucifie les autres, est désormais la ville de l’anathème. Vers le temps où nous sommes arrivés, se formaient ces petites apocalypses que les uns attribuaient à Hénoch[2], les autres à Jésus, et qui offrent les plus grandes analogies avec les exclamations de Jésus, fils de Hanan[3]. Ces morceaux entrèrent plus tard dans le cadre des Évangiles synoptiques ; on les présenta comme des discours que Jésus aurait tenus en ses derniers jours[4]. Peut-être déjà le mot d’ordre était-il donné de quitter la

  1. Josèphe, B. J., VI, v, 3.
  2. Cf. Épître de Barnabé, 4, 16 (texte grec), en comp. Matth., xxiv, 22 ; Marc, xiii, 20. Voir Vie de Jésus, 13e édit., p. xlii-xliii, note 4.
  3. Comparez surtout φωνὴ ἐπὶ νυμφίους καὶ νύμφας (Jos., l. c.) à Matth. xxiv, 19 ; Marc, xiii, 17 ; Luc, xxi, 23.
  4. Matth., xxiv, 3 et suiv. ; Marc, xiii, 3 et suiv. ; Luc, xxi, 7 et suiv.