Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/147

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tifie son corps, éteignant tous ses désirs naturels, prenant en tout le contre-pied de la nature, dépouillant le « vieil homme », revêtant « le nouveau », renouvelé selon l’image de son Créateur. À ce point de vue, il n’y a plus de Grec ni de Juif, de circoncis ni d’incirconcis, de barbare ni de Scythe, d’esclave ni d’homme libre ; Christ est tout ; Christ est en tous. Les saints sont ceux à qui Dieu, par don gratuit, a fait l’application des mérites de Christ, et qu’il a ainsi prédestinés à l’adoption divine, avant même que le monde existât. L’Église est une, comme Dieu lui-même est un ; son œuvre est l’édification du corps de Christ ; le but final de toutes choses est la réalisation de l’homme parfait, l’union complète de Christ avec tous ses membres, un état où Christ sera vraiment la tête d’une humanité régénérée selon son propre modèle, d’une humanité recevant de lui le mouvement et la vie par une série de membres liés entre eux et subordonnés les uns aux autres. Les puissances ténébreuses de l’air combattent pour empêcher cet avènement. Une lutte terrible aura lieu entre elles et les saints. Ce sera un mauvais jour ; mais, armés des dons du Christ, les saints triompheront.

De telles doctrines n’étaient pas entièrement originales. C’étaient en partie celles de l’école juive