Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/151

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historique. — Comme le Messie, comme le Fils de l’homme devant apparaître dans les nues au grand jour du Seigneur ? Ces idées étaient étranges pour les gentils et supposaient la connaissance des livres juifs. — Évidemment, l’image qui devait le plus souvent s’offrir à ces bons provinciaux était celle d’une incarnation, d’un Dieu revêtant une forme humaine et se promenant sur la terre[1]. Cette idée était très-familière à l’Asie Mineure ; Apollonius de Tyane allait bientôt l’exploiter à son profit. Pour concilier une telle manière de voir avec le monothéisme, un seul parti restait : concevoir Jésus comme une hypostase divine incarnée, comme une sorte de dédoublement du Dieu unique, ayant pris la forme humaine pour l’accomplissement d’un plan divin. Il faut se rappeler que nous ne sommes plus en Syrie. Le christianisme a passé de la terre sémitique aux mains de races ivres d’imagination et de mythologie. Le prophète Mahomet, dont la légende est si purement humaine chez les Arabes, est devenu de même, chez les schiites de la Perse et de l’Inde, un être complètement surnaturel, une sorte de Vischnou et de Bouddha.

Quelques relations que l’apôtre eut avec ses Églises d’Asie Mineure, justement vers ce temps, lui

  1. Voir l’épisode de Paul à Lystres. Saint Paul, p. 44-46.