Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/159

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et qui nous portent à voir plutôt dans la pièce dont il s’agit une lettre doctrinale que saint Paul aurait fait reproduire à plusieurs exemplaires et répandre en Asie. Tychique, en passant à Éphèse, sa patrie, put montrer un de ces exemplaires aux anciens ; ceux-ci purent le garder comme morceau d’édification, et il est parfaitement admissible que ce soit cette copie qui ait servi, quand on fit la collection des lettres de Paul[1] ; de là viendrait le titre que l’épître en question porte aujourd’hui. Ce qu’il y a de certain, c’est que l’épître dite aux Éphésiens n’est guère qu’une imitation paraphrasée de l’épître aux Colossiens, avec quelques additions tirées d’autres épîtres de Paul et peut-être d’épîtres perdues.

Cette épître dite aux Éphésiens forme, avec l’épître aux Colossiens, le meilleur exposé des théories de Paul vers la fin de sa carrière. Les épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens ont, pour le dernier période de la vie de l’apôtre, le même prix qu’a l’épître aux Romains pour l’âge de son grand apostolat. Les idées du fondateur de la théologie chrétienne y sont arrivées au plus haut degré d’épuration. On sent ce dernier travail de spiritualisation

  1. Pour l’épître aux Romains, ce fut aussi l’exemplaire de l’Église la plus célèbre qui fit loi.