Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/164

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Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit !

On voit que Paul se faisait de singulières illusions. Il se croyait à la veille d’une délivrance, il formait de nouveaux plans de voyages, et se voyait au centre de l’Asie Mineure[1], au milieu des Églises qui le révéraient comme leur apôtre sans l’avoir jamais entendu. Jean-Marc, aussi, se préparait à visiter l’Asie, sans doute au nom de Pierre. Déjà les Églises de la Phrygie avaient été informées de la prochaine arrivée de ce frère. Dans la lettre aux Colossiens, Paul inséra une nouvelle recommandation à son sujet[2]. Le tour de cette recommandation est assez froid. Paul craignait que les dissentiments qu’il avait eus avec Jean-Marc et plus encore les liaisons de Marc avec le parti de Jérusalem ne missent ses amis d’Asie dans l’embarras, que ceux-ci n’hésitassent à recevoir un homme dont ils avaient appris jusqu’alors à se défier. Paul alla au-devant de ces malentendus et ordonna à ses Églises de com-

  1. Il est vrai que ceci répond médiocrement à Act., xix, 21 ; Rom., xv, 23-24. Comp. Phil., i, 25 ; ii, 24. Peut-être Paul, pour tenir en éveil ses disciples et ses Églises, leur parlait-il de prochains voyages, même quand il ne faisait qu’en entrevoir la possibilité.
  2. Col., iv, 10. Cf. I Petri, v, 13.