Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/176

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gens qui lui devaient leur joie, va éclater dans l’histoire par un coup de tonnerre, dont le retentissement sera long.

Nous avons vu que les apôtres ne négligeaient aucun effort pour ramener à la modération leurs frères exaspérés par les iniquités dont ils étaient les victimes. Ils n’y réussissaient pas toujours. Diverses condamnations avaient été prononcées contre des chrétiens, et on avait pu présenter ces sentences comme des répressions de crimes ou de délits. Avec une admirable droiture de sens, les apôtres tracèrent le code du martyre. Est-on condamné pour le nom de « chrétien », il faut se réjouir[1]. On croyait se rappeler que Jésus avait dit : « Vous serez en haine à tous à cause de mon nom[2]. » Mais, pour avoir le droit d’être fier de cette haine, il faut être irréprochable. Ce fut en partie pour calmer des effervescences inopportunes, prévenir des actes d’insubordination envers l’autorité publique, et aussi pour bien établir son droit de parler à toutes les Églises, que Pierre, vers ce temps, crut devoir imiter Paul et écrire aux Églises d’Asie Mineure, sans distinction de juifs ni de païens convertis, une lettre circulaire ou catéchétique. Les épîtres étaient à la mode : de simple cor-

  1. I Petri, iv, 14 et suiv.
  2. Matth., x, 22 ; xxiv, 9 ; Marc, xiii, 13 ; Luc, xxi, 12, 17.