Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/181

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d’Israël, que toute l’Église chrétienne hors de Jérusalem rentre à leurs yeux dans la catégorie des expatriés. Jérusalem est encore le seul point du monde où, d’après eux, un chrétien n’est pas exilé[1].

L’Épître de Pierre, malgré son mauvais style, bien plus analogue à celui de Paul qu’à celui de Jacques et de Jude, est un touchant morceau, où se reflète admirablement l’état de la conscience chrétienne vers la fin du règne de Néron[2]. Une tristesse douce, une confiance résignée la remplit. Les temps suprêmes approchent[3]. Il faut qu’ils soient précédés d’épreuves, d’où les élus sortiront épurés comme par le feu. Jésus, que les fidèles aiment sans l’avoir vu, auquel ils croient sans le voir, va bientôt apparaître pour les remplir de joie. Prévu par Dieu de toute éternité, annoncé par les prophètes, le mystère de la rédemption s’est accompli par la mort et la résurrection de Jésus. Les élus, appelés à renaître dans le sang de Jésus, sont un peuple de saints, un temple spirituel,

  1. Cf. I Petri, ii, 11-12.
  2. Si la lettre est supposée, hypothèse que le grand nombre de fausses lettres apostoliques qui circulèrent oblige toujours de mentionner, il faut dire au moins que le faussaire sut se placer avec une grande justesse dans l’esprit du temps où la lettre aurait pu être écrite. Le synchronisme de cette lettre avec l’Apocalypse est frappant. Voir surtout iv, 7, 14, 15, 16 ; v, 13.
  3. I Petri, i, 7, 13 ; iv, 7, 13 : v, 1, 10.