Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/212

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rines[1] monta sur les collines, endommagea fortement le Palatin[2], redescendit dans les vallées, dévorant pendant six jours et sept nuits des quartiers compactes et percés de rues tortueuses. Un énorme abatis de maisons que l’on fit au pied des Esquilies[3] l’arrêta quelque temps ; puis il se ralluma et dura trois jours encore. Le nombre des morts fut considérable. De quatorze régions dont la ville était composée, trois furent entièrement détruites, sept autres furent réduites à des murs noircis. Rome était une ville prodigieusement serrée, d’une population très-dense[4]. Le désastre fut effroyable et tel qu’on n’en avait jamais vu de pareil.

Néron était à Antium quand l’incendie éclata. Il ne rentra dans la ville que vers le moment où le feu approchait de sa maison « transitoire ». Il fut impossible de rien arracher aux flammes. Les

  1. C’était le quartier des consulares dont parle Suétone, Néron, 38.
  2. Tacite, Ann., XV, 39, 41 ; Dion Cassius, LXII, 18. Le temple de Jupiter Stator était sur le Palatin. Le feu gagna sans doute la colline par l’espèce d’isthme qui, à la hauteur de l’arc de Titus, joint le plateau du Palatin à la Summa sacra via.
  3. Vers le bas de la rue Saint-Jean-de-Latran.
  4. Voir Saint Paul, p. 107, note 3. On peut se figurer l’ancienne Rome par le Corpo di Napoli. Les pauvres gens passaient leur vie en plein air, et ne rentraient chez eux que pour coucher par chambrées de huit et dix personnes.