Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/231

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fête, à laquelle on donna sans doute un caractère expiatoire. Rome compta peu de journées aussi extraordinaires. Le ludus matutinus, consacré aux combats d’animaux[1], vit un défilé inouï. Les condamnés, couverts de peaux de bêtes fauves, furent lancés dans l’arène, où on les fit déchirer par des chiens ; d’autres furent crucifiés[2] ; d’autres, enfin, revêtus de tuniques trempées dans l’huile, la poix ou la résine, se virent attachés à des poteaux et réservés pour éclairer la fête de nuit. Quand le jour baissa, on alluma ces flambeaux vivants. Néron offrit pour le spectacle les magnifiques jardins qu’il possédait au delà du Tibre et qui occupaient l’emplacement actuel du Borgo, de la place et de l’église Saint-Pierre[3]. Il s’y trouvait un cirque, commencé par Caligula, continué par Claude, et dont un obélisque, tiré d’Héliopolis (celui-là même qui marque de nos jours le centre de la place Saint-Pierre), était la borne[4]. Cet

  1. Sénèque, Epist., 7, ; Suétone, Claude, 34 ; Martial, X, xxv ; XIII, xcv ; Tertullien, Apol., 15. Cf. Ovide, Metam., XI, 26 ; Virgile (redeunt spectacula mane) ; Orelli, nos 2553, 2534. Les martyrs de Carthage (§ 17) font leur dernier repas le soir.
  2. La leçon aut flammandi atque donne lieu à des doutes (v. Bernays, Ueber die Chronik des Sulp. Sev., p. 54-55, note), mais sans grave conséquence. Peut-être le second aut est-il de trop. Flammandi, au sens de ut flammarentur, est bon.
  3. Le « Pré Noiron » du moyen âge.
  4. Suétone, Claude, 21 ; Tacite, Ann., XIV, 14 ; Pline, Hist.