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CHAPITRE IX.


LE LENDEMAIN DE LA CRISE.


La conscience d’une réunion d’hommes est comme celle d’un individu. Toute impression dépassant un certain degré de violence laisse dans le sensorium du patient une trace qui équivaut à une lésion, et le met pour longtemps, si ce n’est pour toujours, sous le coup d’une hallucination ou d’une idée fixe. Le sanglant épisode d’août 64 avait égalé en horreur les rêves les plus hideux qu’un cerveau malade pût concevoir. Durant plusieurs années, la conscience chrétienne en sera comme obsédée. Elle est en proie à une sorte de vertige ; des songes monstrueux la tourmentent ; une mort cruelle paraît le sort réservé à tous les fidèles de Jésus[1]. Mais cela même n’est-il pas le signe le plus certain de la proximité du grand jour ?… Les âmes des victimes de la Bête étaient

  1. Apoc., vi, 11.