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CHAPITRE XII.


VESPASIEN EN GALILÉE. — LA TERREUR À JÉRUSALEM.
FUITE DES CHRÉTIENS.


Pendant que l’empire romain subissait en Orient le plus sanglant affront, Néron, ballotté de crime en crime, de folie en folie, était tout entier à ses chimères d’artiste prétentieux. Tout ce qui peut s’appeler goût, tact, politesse, avait disparu d’autour de lui avec Pétrone. Un amour-propre colossal lui donnait une soif ardente d’accaparer la gloire du monde entier[1] ; son envie contre ceux qui occupaient l’attention du public était féroce ; réussir en quoi que ce soit devenait un crime d’État ; on prétend qu’il voulut arrêter la vente des ouvrages de Lucain[2]. Il aspirait à des célébrités inouïes[3] ; il roulait dans sa

  1. « Omnium æmulus qui quoquo modo animum vulgi moverent. » Suétone, Néron, 53.
  2. Tacite, Ann., XV, 49.
  3. Cupitor incredibilium. Tacite, Ann., XV, 42.