Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/331

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tête des projets grandioses, le percement de l’isthme de Corinthe, un canal de Baïa jusqu’à Ostie, la découverte des sources du Nil[1]. Un voyage de Grèce était depuis longtemps son rêve, non par le désir sérieux qu’il eût de voir les chefs-d’œuvre d’un art incomparable, mais par la grotesque ambition qu’il avait de se présenter aux concours fondés dans les différentes villes et d’y remporter le prix. Ces concours étaient, à la lettre, innombrables : la fondation de pareils jeux avait été une des formes de la libéralité grecque : tout citoyen un peu riche trouvait là, comme cela se voit dans la fondation de nos prix académiques, une manière sûre de transmettre son nom à l’avenir[2]. Les nobles exercices qui contribuèrent si puissamment à la force et à la beauté de l’ancienne race, et furent l’école de l’art grec, étaient devenus, comme devinrent plus tard les tournois du moyen âge, la pâture de gens de métier, qui faisaient profession de courir les agones, et d’y gagner des couronnes. Au lieu de bons et beaux citoyens, on n’y voyait figurer que d’odieux bellâtres inutiles, ou des

  1. Les centurions qu’il envoya paraissent avoir remonté jusqu’aux grands lacs. Sénèque, Quæst. nat., VI, 8.
  2. Voir l’inscription de Larisse, Acad. des inscr., séance du ler juillet 1870. Voir aussi Rev. arch., juillet-août 1872, p. 109 et suiv.