Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/349

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à la voie toute démocratique du sort[1]. Le sort, naturellement, donna des résultats absurdes ; il tomba sur un rustre, qu’il fallut traîner à Jérusalem et revêtir malgré lui des vêtements sacrés ; le pontificat se vit profané par des scènes de carnaval. Tous les gens sérieux, les pharisiens, les sadducéens, les Siméon ben Gamaliel, les Joseph ben Gorion, furent blessés dans ce qu’ils avaient de plus cher.

Tant d’excès décidèrent enfin le parti sadducéen aristocratique à tenter un essai de réaction. Avec beaucoup d’habileté et de courage, Hanan essaya de réunir la bourgeoisie honnête et tout ce qu’il y avait de sensé, pour renverser la monstrueuse alliance du fanatisme et de l’impiété. Les zélotes furent serrés de près et obligés de se renfermer dans le temple, devenu une ambulance de blessés. Pour sauver la révolution, ils eurent recours à un moyen suprême, ce fut d’appeler dans la ville les Iduméens, c’est-à-dire des troupes de bandits, habitués à toutes les violences, qui rôdaient autour de Jérusalem. L’entrée des Iduméens fut signalée par un massacre. Tous les membres de la caste sacerdotale qu’on put trouver furent tués. Hanan et Jésus, fils de Gamala, subirent

  1. Tosiphtha Ioma, i ; Sifra, sur Lévit., xxi, 10 ; Tanhouma, 48 a.