Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/352

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quand on contempla, jetés nus hors de la ville, livrés aux chiens et aux chacals, ces aristocrates si hautement respectés, qu’on avait vus naguère revêtus de leurs superbes habits pontificaux, présidant à des cérémonies pompeuses, entourés de la vénération des nombreux pèlerins qui du monde entier venaient à Jérusalem. C’était un monde qui disparaissait. Le pontificat démocratique inauguré par les révoltés fut éphémère. Les chrétiens crurent d’abord relever deux ou trois personnages en leur ornant le front du pétalon sacerdotal. Tout cela n’eut pas de conséquence. Le sacerdoce, pas plus que le temple, dont il dépendait, n’était destiné à être la chose capitale du judaïsme. La chose capitale, c’était l’enthousiaste, le prophète, le zélote, l’envoyé de Dieu. Le prophète avait tué la royauté ; l’enthousiaste, l’ardent sectaire tua le sacerdoce. Le sacerdoce et la royauté une fois tués, il reste le fanatique, qui, durant deux ans et demi encore, va lutter contre la fatalité. Quand le fanatique aura été écrasé à son tour, il restera le docteur, le rabbin, l’interprète de la Thora. Le prêtre et le roi ne ressusciteront jamais.

Ni le temple non plus. Ces zélotes, qui, au grand scandale des prêtres amis des Romains, faisaient du lieu saint une forteresse et un hôpital, n’étaient pas aussi loin qu’il semble d’abord du sentiment de Jésus.